Intrusion (le 09 mars 2007 - 6:45 pm)

Au loin sur l'avenue, on aurait déjà pu l'apercevoir arriver dans une voiture de sport qu'il avait empruntée à son ancien propriétaire. Il avait ensuite pu se garer devant les larges marches de pierre blanche en attirant l'attention d'un homme en livrée de domestique. Il l'avait salué, ceinturé, bâillonné et rangé dans le petit coffre de l'énorme véhicule profilé. Reprenant le volant, il était en capacité d'aller ranger l'objet du larcin en double file un peu plus loin. Tout à fait rapidement, il avait rejoint l'escalier qu'il avait gravi d'un pas leste et silencieux. Ses sens étaient en éveil.

James était maintenant dans le vestibule du manoir New Yorkais des Worthington. Des odeurs de cire, d'encens et de parfums de créateurs se croisaient en d'invisibles volutes. Le nez était saturé et rendu incapable de sentir autre chose que cette profusion de senteurs. Il avança un peu et, levant le menton, reconnut des portraits ; de Warren Senior, puis de son fils vieillissant, l'actuel maître des lieux, serrant à pleine main la paume du très courtisé Sebastian Shaw, ou posant avec sa femme. James ouvrit un tiroir au hasard dans la grande commode ouvragée qui lui faisait face.

La voiture vint se garer dans l'immense garage du Manoir des Worthington. En descendit d'abord un homme habillé comme un chaffeur, qui vint ouvrir la portière de son employeur : Mr. Worthington II, père de Warren Worthington III. Mr Worthington venait tout juste de déposer son fils à l'institut Xavier, institut pour jeune surdoué. Mais il se posait des questions. Pourquoi l'y avait-il envoyé? Il n'était ni surdoué, ni un cancre, mais... qui avait donc pris cette décision! C'était comme s'il avait été influencé. Mais bon, il y était, qu'il y reste, on verra avec le temps ce qu'il deviendra. Laissant ces soucis de coté, Mr Worthington ordonna à Edwards de filer dans le salon lui préparer un excellent scotch. Celui-ci ne se fit pas prier, et courut vers l'escaliers conduisant au rez-de-chaussée. Mr Worthington, enfin seul, put se résoudre à redevenir un homme, comme les autres. Oublié les soucis, les tracas de Worthington Industrie, son fils... pour la soirée, il serait simplement Mr. Worthington, un homme comme les autres... enfin presque. Il monta alors à la suite de son majordome et chauffeur dans l'escalier. Arrivé à la dernière marche, il sentit comme un problème. Aucun bruit provenant du salon, ni de la cuisine.
"Bah, il est surement monté au second!"
Alors, sans s'inquiéter, il continua son chemin en direction de son petit salon privé, sans savoir que quelqu'un guettait le moindre de ses mouvements.

Pendant ce temps, James en avait profité pour se rendre à l'étage supérieur. Tout en haut du long escalier en colimaçon, il avait trouvé une trappe qui menait au faux-grenier. Il aurait pu sortir par une fenêtre, mais cela aurait laissé des doutes, et les gens ne faisaient jamais assez attention à ce qui se trouvait au-dessus d'eux. Se tournant vers le haut, précautionneusement, il pratiqua un trou d'homme dans le toit à l'aide de son couteau et posa les tuiles manquantes à l'intérieur du réduit.
Il put ensuite tendre les bras, puis à la force de ses biceps grimper sur le toit de tuiles brunes. Il s'accroupit, se pencha puis écouta attentivement. Les bruits habituels de Manhattan ne lui laisseraient entendre que ce qui pouvait se passer dans la pièce la plus proche ; aussi il ne pouvait qu'attendre, ou se rendre mobile pour localiser dans le bâtiment les actions de Worthington.

Son petit salon. Sans aucun doute l'endroit de son immense manoir qu'il préférait. C'est là qu'il avait pour la première fois embrassé celle qui était devenu son épouse, là qu'il l'avait giflé pour la première fois, là qu'il avait appris son décès. Mais pourquoi tout ceci lui revenait-il en mémoire? Sa vie futur ne serait-elle aps assez désastreuse comme ça? Entre lui, qui devenait vieux, et son fils, ce bon à rien qui n'était pas capable de se souvenir le nom des plus proches collaborateurs de Worthington Entreprise, tout allait de travers. Et dire que ce jeune garçon était appelé à devenir le futur PDG de Worthington?! Autant vendre immédiatement la boîte!
Soudain, Edwards réapparut, un verre de Scotch à la main.
-Merci Edwards, vous pouvez disposer.

Celui-ci ne se fit pas prier, et laissa son maître seul dans sa morosité et sa joie de vivre!

Dans sa station immobile, James put entendre un laquais entrer dans la pièce proche et marmonner quelque chose. C'était le seul bruit notable. James conclut donc que Worthington était seul, et sûrement dans les étages inférieurs. Il glissa un oeil par la fenêtre. Le chauffeur avait le dos tourné, aussi en profita-t-il pour descendre, utilisant le rebord de la fenêtre à son avantage. Il resta agrippé au mur de derrière, libérant une main et un pied à la fois pour gagner de la distance au sol. Précautionneusement, il observa par les diverses fenêtres, avant de trouver une large porte vitrée qui menait à une petite pièce de séjour. L'homme y était installé.

James cassa un des petits carreaux de la porte-fenêtre, et actionna la poignée de l'intérieur pour ouvrir le battant et se jeter lestement sur Worthington Jr.

"Ne bougez plus, Warren!"

Il sortit de sa poche le médaillon qu'il avait trouvé dans la vieille commode de l'entrée, dans le but d'enserrer la gorge de sa proie avec la chaînette en or.

La chaîne en or qui avait apprtenu à sa femme se trouvait dans sa main. Il avait osé s'en emparer. Le trésor le plus précieux, qui lui rappelait telleemnt son épouse, il avait osé! Mais comment? Les cambrioleurs n'avait donc aucunes pitié. Il lui avait ordonné de ne plus bougé. Mais c'était sans compter la fureur de Warren Worthington, qui malgré son âge, avait gardé de très bons reflexes. Il se leva précipitamment, et se jetta sur son agresseur, espérant bien lui causer la plus grande blessure possible, au moins autant que lui était blessé de perdre le colier de sa chère et tendre épouse.

Comme pouvaient le suggérer ses états de service, les réflexes de James ne pouvaient certainement pas lui faire défaut. De surcroit face à ce vulgaire sursaut défensif, celui d'un quinquagénaire fat et empâté. Bien évidemment le nabab ne connaissait aucunement son lourd passif dans les forces armées. A l'inverse, l'agresseur connaissait tout de sa proie. Il laissa la jointure d'adamantium qui remplaçait son poignet droit cogner contre le genou fragile de Worthington. A coup sûr celui-ci ne pourrait contenir sa douleur. Rapidement, il plaqua sa main lourde et froide contre sa pomme d'Adam pour faire taire son cri primal de gibier blessé. En un instant le médaillon était passé autour du cou graisseux du vieux milliardaire et la main relâcha sa pression devenue obsolette.

Le manoir était imparfaitement insonorisé, comme il l'avait constaté un peu plus tôt. Les bruits de lutte n'avaient peut-être pas atteint les étages supérieurs, mais le doute ne subsisterait pas longtemps.

"Appelez votre larbin. Et pas d'entourloupes", ajouta-t-il, resserrant légèrement l'étreinte avant de la relâcher, signifiant parfaitement ce qui arriverait le cas échéant.

Warren Worthington II avait lamentablement échoué dans son essai de fuite. Il était à présent prisonnier de son.. cambrioleur, violeur d'intimité.

"Non, pas Edwards. Pourquoi veut-il que je l'appel? Qu'a-t-il donc l'intention de faire?"

-Pourquoi voulez-vous que j'appel mon majordome, demanda difficilement le vieil homme, les mains dans le dos, genoux à terre.

-C'est moi que vous volez, laissez-le!

Skourge aurait presque été étonné par l'attitude chevaleresque du millionnaire envers son domestique. Néanmoins il savait que s'il avait été à sa place, il aurait tenté de gagner du temps à son employé pour que les secours soient alertés. Depuis la Guerre, il était devenu très doué pour éviter de mourir. Cela dit, il était difficile à attraper, et personne n'était parvenu à le tuer depuis un demi-siècle. Il posa presque ses lèvres sur son oreille pour murmurer :

"Tu me parais bien courageux, vieil homme. Ce n'est pas ainsi que l'on se souvient de toi au Club. Du moins, vu le prix qu'on me paie pour ta tête d'empoté."

Il jouait à serrer et desserrer l'étreinte des chaînons d'or chaque fois que Worthington allait avaler sa salive. C'était jubilatoire de voir cet homme propre et soigné se baver dessus avec des gargouillis rauques. Finalement, ça avait quelque chose d'indécent. Trop calme peut-être. Il choisit de jouer avec le feu. Saisissant la tête de Warren II à pleines mains, il l'envoya cogner contre une étagère. Dans le choc que cela produisit, il l'attrapa cette fois par les côtes et il le propulsa dans l'écran de télévision. Le boucan était à son comble. Il donna des coups de pieds dans la table basse, et attendit pour tendre l'oreille. Bien sûr il ne pouvait pas l'entendre, mais il imaginait d'ici Edwards qui composait le 911, alerté par les bruits de l'agression.

"La police sera bientôt là, Worthington, et c'est une excellente nouvelle. Ca veut dire que tu souffriras moins longtemps. Tu comprends bien, je ne peux laisser autre chose qu'un cadavre à l'endroit où tu te tiens... Enfin où tu gîs."

Jame saisit sa victime par la nuque et lui enfonça deux doigts d'adamantium massif dans les globes oculaires. Le sang coulait à flots sur ses joues, comme de grosses larmes rouge sombre. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, James n'aime pas faire souffrir. Il arrive, seulement, qu'il soit indécis quant à la manière de porter le coup fatal. Chose qu'il adore par-dessus tout, ce qui ne fait pas de mal quand c'est, en plus, assez bien payé.

Edwards avait appelé la police dés qu'il avait entendu les bruits de lutte dans le petit salon. Celle-ci arriva très vite, comme si elle était déjà sur les lieux, et était là depuis une bonne dizaine de minutes. Inspecteurs, simples policiers, médecins légistes se succédaient dans le petit salon, où gisait le corps de Mr. Worthington, PDG de Worthington Industrie. A présent, cette multinationale revenait à son fils, Warren Worthington II, le fils de Mr. Worthington.

Edwards était plus que secoué par la mort de son maître. Il était bouleversé, qui donc aurait put commetre un acte comme celui-ci, qui plus est avec la chaînee de Madame? Cela lui avait retourné le coeur. Et ces traces de sang sur le visage, ces globes occulaires vides et sans vie...

-Monsieur, l'interpella un policier, nous allons emmener le corps du défunt, et une enquète sera mené par mes policiers les plus briallants.

L'homme était en fait le commisaire!

-Nous informerons aussi Mr. Worthington que son père est décédé. Avez-vous l'adresse de son établissement scolaire?

Edwards avait conduit le fils de Monsieur ce matin, bien sûr qu'il avait l'adresse. Il la leur donna, avant de retourenr à la cuisine, dans la tristesse et le desespoir.

Les policiers emmenèrent le corps, puis quittèrent les lieux, non sans avoir au préalable interdit l'accés au petit salon, et mis des agents de sécurité devant les portes du manoir Worthington.
Les voitures furent vite prise d'assaut par les policiers pressées de rentrer chez eux, et partirent en déclenchant les sirènes.