Je t'attends (Jenny Stark)

James était assis à un tabouret de bar, sirotant négligemment une cerveza. En tant que soldat et agent spécial, il était très doué pour faire une chose et ên paraître une autre. En l'occurrence, flipper comme jamais tout en ayant l'ait de boire un demi.

Il était presque ivre avant d'avoir bu. Excité, bourré d'adrénaline et de stress. Sa grande angoisse était aussi son grand plaisir. Il était presque sûr que Stark allait venir le retrouver, dans une fureur du Diable.

Et si elle ne venait pas ?

Et si, justement, elle venait ?

Une belle brune rentra dans le bar... mais ce n'était pas Jenny Stark. Une señorita venue chercher dieu seul sait quoi dans cet endroit mal famé. Fausse alerte.

Le vrai danger vint sans prévenir. Un missile expérimental des Industries Stark. Le système lightwar 2004 n'était pas simple à utiliser. Il nécessitait une coordination parfaite entre le satellite du groupe, celui de l'armée de l'air, la plateforme de lancement au sol et le missile lui-même, doté d'une intelligence artificielle lui permettant théoriquement de corriger sa trajectoire en vol pour frapper à coup sur même une cible mobile. La charge elle-même n'était pas très conséquente. Conçue pour passer à travers une fenêtre et pulvériser le salon de Saddam et de ses généraux sans blesser les civils qui travaillaient à l'étage inférieur.

C'est néanmoins tout l'intérieur du bar qui fut oblitéré en un instant sur ordre de la belle. Tu t'attendais à trouvé une super-héroïne Bucky? C'est un seigneur de guerre que tu as sur les talons désormais. Quoique tu as peut-être une chance de t'en tirer. Mademoiselle Strak a suffisamment de contacts dans les services secrets pour avoir remonté ta piste depuis la guerre jusqu'à aujourd'hui en passant par ton séjour en Amérique latine. Mais le projet Arme X et ton facteur auto-guérisseur lui sont resté inconnus.

Le plus difficile n'a pas été de retrouver ces informations, ni même de pirater le satellite de l'US Air Force pour permettre le lancement du missile. Non, le plus dur aura été de renouer avec les guérilleros pour qu'ils assistent le boucher en talon aiguille dans sa mission de vengeance. Iron Lady était un personnage publique et il ne fallait pas qu'elle soit mêlée à cette campagne égoïste. Car oui, il y aurait des victimes civiles. La demi-douzaine de personnes qui viennent de mourir seulement parce que le meurtrier de Pepper avait choisi ce bar plutôt qu'un autre. La femme qui passait, un bébé dans les bras devant ce même bar, brûlée gravement par le retour de flamme, les quelques personnes torturées, certaines à mort, pour remonter la trace d'un homme mort et dont les traces avaient été effacées par un des programmes les plus secrets qui soit.

Une campagne terrible qui exigeait donc d'agir en coopération avec cette même milice marxiste et anti-américaniste de narco-trafiquants que Jenny avait eu tant de mal à faire disparaître de la liste de ses clients. Elle était jeune à l'époque où elle s'était insurgée de découvrir que son père armait autant les États-unis que ses ennemis et mangeait à tous les râteliers. Elle avait consacrée du temps et de l'énergie à faire de Stark Industries une société propre, honnête et patriote. Tourner le dos à des gens comme ces guérilleros qui n'ont rien à perdre que leur honneur, c'est risquer de ne plus jamais pouvoir obtenir leur confiance. Elle avait payé cher mais qu'importe. James Barnes doit mourir.

Pour l'instant Jenny croit avoir réussi. Elle ne peut pas savoir que son missile n'est pas suffisant pour tuer cet homme. Mais elle se doute qu'il a des atouts qu'elle ignore. Elle pense à des sosies, une fausse identité ou tout autre artifice "naturel". Elle va rester encore quelques temps en Amérique du sud pour s'assurer que le travail est bien fait et si Bucky repointe le bout de son nez, alors la chasse reprendra.

James remarqua avec appréhension la brune qui poussait la porte d'entrée du bouge mexicain. Il n'eut pas le temps de se poser plus de question, que la pièce entière fut envahie par un souffle explosif.

Apathique, James laissait son corps se régénérer de la déflagration qu'il avait subie. Il n'était pas K.O., simplement salement amoché. Son facteur guérisseur marchait mieux quand le cerveau n'était pas sollicité. Aussi gisait-il là, l'œil vitreux rivé fixement sur le plafond effondré.

Elle voulait voir son cadavre, contempler le salaud qui lui avait arraché le cœur. Parce que définitivement, c'est grâce à cet organe étrange qu'elle gardait fixé dans sa poitrine par une plaque de métal que grâce à la présence rassurante et familière de Pepper que Jenny était en vie. Sans la blonde, la brune n'était qu'une coquille vide. Un corps sans âme. Le regard assuré et le visage fermé elle s'approcha des ruines avec un petit bataillon de guérilleros. Elle même était habillé en treillis para-militaire et ne détonnait pas parmi ces truands prétendant défendre une bonne cause.

Elle pointa le canon de son P-90 vers un corps qui bougeait. Un homme d'un certain âge, très couleur locale. Il souffrait, les jambes broyée par des gravas. Une rafale et il ne soufra plus. C'est de là qu'elle aperçut Skourge. Le salopard avait l'air mort mais à peine amoché. Comme si ses vêtement brûlaient mieux que lui. Elle se pencha sur lui, plongea son regard d'acier dans les yeux vitreux du tueur. Oui, il était mort, il ne respirait pas, ne bougeait pas, les premiers signes de rigidité cadavérique apparaissaient.

Mais est-ce que cette blessure venait de se résorber sous les yeux de Jenny? Non, ce n'était pas possible, il ne pouvait pas guérir alors qu'il était mort, et de toute façon pas aussi vite. A moins que... non, saloperie. Jenny s'éloigna, mi-paniquée, mi-effrayée. Elle fit signe aux guérilleros de se placer en cercle autour du cadavre.

Tu veux jouer avec moi? On va jouer.

Elle n'attendait qu'une chose: qu'il se relève. Et alors elle l'abattrait. Il se relèverait encore ensuite, elle le tuerait à nouveau. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle se lasse ou vienne à cours de cartouche. Et alors que ferait-elle? Ça elle n'y avait pas pensé.

Le vieil homme, conservé par son facteur guérisseur, entendait un bruit blanc. Il distinguait à peine des formes, alors que ses tissus musculaires se reconstituaient. Venait le moment où ça faisait mal. Invariablement, il fallait se mouvoir pour remettre les os cassés. La régénération fait le reste, mais pour les os, il faut pouvoir les maintenir le temps de la guérison accélérée.

C'est alors qu'il prit conscience de ce qu'il se tramait autour de lui. Il n'était pas seul, survivant du massacre non, il était au milieu d'un cercle de narcotraficants. Parmi eux, il reconnut J. Stark.

La main métallique bondit instantanément sur la cheville de la jeune femme. Son étreinte à bout de bras, malgré sa position ridicule, n'était pas moindre vu la force de la prothèse.

Un cri d'orfraie, Jenny poussa un de ses cris de midinettes dans une mauvaise scène de film d'horreur. Assez pathétique pour son personnage de seigneur de la guerre qu'elle travaillait pour cette opération. Il faut dire que le contact de sa fragile cheville avec le métal glacé avait de quoi être déstabilisant, ajoutez-y la surprise de voir bouger un mort, même quand on connait le truc cette saloperie de facteur guérisseur restait surprenant, dérangeant et de toute façon contre-nature.

Du coup le mort-vivant aura droit a une rafale de P-90 qui se finira dans le buste d'un guérillero malchanceux. Quelques grammes de plomb en plus et un léger contre-temps pour le mutant, une vie qui s'achève pour cet anonyme figurant que Jenny vient de descendre dans la panique.

La panique parlons-en, c'est une chose vicieuse, rampante, qui attend son heure, qui se fait passer pour du stress avant d'exploser d'un coup, violente, imprévisible, occultant les capacités de réflexions et l'intelligence des hommes pour en faire des bêtes soumises à leur plus bas instincts.

Instinct de survie en l'occurrence, les franc-tireurs sont prêt soi-disant à mourir pour leur cause mais pas pour la vengeance d'une américaine capitaliste. Ils fuient, laissant la belle seule avec ses démons. Démons intérieurs, magie noire qui fait battre son cœur et haine sourde qui teinte tous ses faits et gestes, démon de chair et de métal, ce monstre qu'elle sait ne pas pouvoir abattre.

Jenny est à la merci d'un tueur, ce même tueur qui lui a enlevé Pepper. Et bien maintenant elle n'a plus rien à perdre, qu'il lui broye la cheville si c'est ce qu'il souhaite. Qu'il la tue puisqu'il a commencé le travail mais ne l'a pas achevé.

Le sourire que James ne pouvait former de ses lèvres depuis longtemps disparues, il le fit passer dans ses yeux revenus à la vie, et dans le ton de sa voix :

"Iron Lady. C'est la machine que je veux combattre. Quand tu auras mis de côté tout ce que l'Iron Man tient pour défendre, alors reviens me voir. J'ai déjà tué ta grognasse, tuer les faibles femmes, cela me lasse. Donne-moi la machine de destruction. Et rappelle-toi alors le corps mutilé de ta petite amie, Jennifer Stark."

Un aussi bête retournement, et pourtant il était prêt à quitter la place, à préparer sa tanière en attendant que le tanker Stark vienne le voir, et pas une enfant en treillis qui croit battre un assassin en rassemblant quelques caïds de cour de récré qui monnaient leurs idéaux.

Il pressa un instant sur la cheville de la playmate multimilliardaire, puis partit en courant, à poil hors de la carcasse de débit de boisson. Il n'attendait même pas de réponse. L'humiliation suffisait pour l'instant. L'humiliation et la rage.

Sur le coup elle ne fit rien. Elle ne sut pas quoi faire, trop estomaquée par le culot de cet homme qui lui avait tout pris et trouvait encore le moyen de la mettre plus bas que terre. Mais ensuite elle le retrouva. Elle se rappelait très bien du corps mutilé. Et pas besoin de machine de destruction, un couteau de combat ferait très bien l'affaire. Ce qu'il avait fait subir à une innocente jeune femme, il allait le subir à son tour. Et elle lui arracherait le cœur pour qu'il sache ce que ça fait. Le fait qu'il soit immortel n'était pas un problème, a contraire, il souffrirait longtemps.

Elle le retrouvera donc dans sa tanière, pas une enfant en treillis, une femme qui se battait au nom de celle qu'elle aimait. Cette fois elle ne crierait pas, elle ne pleurerait pas et elle ne faiblirait pas. Elle était prête à mourir ou à tuer. Pas à tuer froidement par l'intermédiaire d'une arme à feu, non. Elle venait donner la mort en direct, au contact.

"Il faudra vous contenter de ça."

Dit-elle en montrant le couteau.

"Iron Lady est en vacance."

La provocation était retournée. Elle entendait jouer un peu avec sa victime avant de transformer le lieu en boucherie.

Après les événements qui suivirent la mort de Virginia Potts puis l'explosion du bar mexicain, James put se trouver une cache dans le désert mexicain. C'était une ancienne planque pour les membres de feu Arme X. Cela avait été d'abord une caverne naturelle, aménagée pour les mercenaires du programme. Puis au fil des années, ils l'avaient changé en une poche indétectable, mais pas inviolable. Un repère de haute-technologie, mais pas isolé. De manière à le détruire facilement, plus facilement qu'un bunker. Toujours est-il que cette cachette était indétectable par quasiment tous les moyens imaginés jusqu'au début des années 2000.

Comment Jenny l'avait retrouvé, ce n'était pas un mystère très passionnant, et après tout, depuis de nombreux mois la caverne n'avait pas été entretenue ni réhabilitée. James lui avait vu venir la jeune femme, il était prêt ; il avait largement piégé les lieux, et il était prêt à venir se faire affronter comme le dragon dans sa tanière au centre de la Terre.

Il se cacha dans une pièce-caisson. Certes, l'intégralité du lieu n'était pas protégée, mais il existait toujours une cabine de containment pour les armes instables. Skourge en avait une tripotée de celles-ci avec lui, et il attendait la venue de la Lady en colère.

Un fil tendu le long du passage... Le salopard était malin, c'est sur. Les système de sécurité et les pièges qui relevaient de l'électronique n'avaient pas fait long feu, si tant est qu'il en restait en l'état dans cette base en ruine, la bombe électromagnétique que Jenny avait sortie de ses labos de pointe avait suffi à les rendre inopérants.

Mais Skourge avait aussi pensé à tendre des pièges plus vicieux, plus primitifs et contre lesquels la poupée californienne n'était pas préparée. Elle aurait pu revêtir son armure et parcourir la base dans tous les sens, déclenchant tous les pièges sans aucune conséquence pour sa santé. Mais ce n'était pas une option. Elle ne voulait pas salir l'armure du sang d'une vengeance. En aucun cas. Elle s'avança donc courageusement dans les profondeurs du complexe. Elle avait déjà survécue à une grenade cachée sous une dalle et à dieu seul sait ce que ce fil tendu pouvait bien déclencher. Elle était donc confiante, malgré l'aspect sinistre des lieux.

Le faisceau de sa lampe torche lui révéla des murs d'acier augmentés de traces de sang séchées depuis longtemps, les néons au plafond ne fonctionnaient plus s'ils n'étaient pas tout simplement brisée et les portes s'enchaînaient semble-t-il à l'infini. Elle en ouvrit une et fut prise d'un haut le cœur en sentant l'insoutenable odeur de pourriture, elle venait de trouver la cuisine. Dieu seul sait ce que cette base avait contenue, et surtout ce qu'elle contenait encore.

[Séquence Indiana Jones, je te laisse décrire les pièges si tu veux]

Sur la hauteur des épais murs métalliques, aux taches éparses d'oxydation venaient s'ajouter de multiples gouttelettes de condensation.
Une légère vapeur s'élève irrégulièrement du sol.

La lampe torche balaye la zone, s'arrête sur la brume qui ajoute à l'ambiance de film d'horreur. Un frisson glacé parcourt l'échine de Jenny, elle n'a rien à faire là, cet endroit n'est pas son environnement, elle est une étrangère en ces lieux. Sa présence est comme sacrilège mais mademoiselle Stark n'en a cure, elle continue sa progression. Ignorant la peur et toute notion de prudence elle fait encore quelques pas dans ce couloir sordide. Personne ne sait qu'elle se trouve ici, elle n'a laissé aucun message, aucune coordonnée, elle est seule, plus seule qu'elle ne l'a jamais été, mais qu'importe puisque la personne qui comptait le plus ne sera plus jamais à ses côtés. Elle s'avance donc.

» Les hommes preffèrent les brunes. [Pv:Jenny Stark]
» Iron-Man/Anthony Stark
» Stark Building, le crime était presque parfait