Là où portent les vents...

Invité

Si d'aventure quelqu'un se trouvant au niveau du sol levait les yeux vers le ciel, il pourrait apercevoir un point noir haut au dessus de lui. Et si sa vue était assez bonne, il pourrait se rendre compte que ce point noir est en fait un homme. Un homme en train de voler, vêtu en tout et pour tout d'un jean, d'un tee shirt et d'un grand sac à dos à une hauteur où le froid règne en maître absolu. Il pourrait peut-être même se rendre compte que cet homme a les yeux fermés et qu'il est en train de sourire.

Sauf qu'il n'y a personne pour regarder en l'air, et que personne n'a une telle vue. Ce qui n'empêche pas, pourtant, que cet homme volant est bien là. Et qu'il semble prendre un immense plaisir à fendre ainsi les cieux. Que dire de cet homme? Il s'appelle Michael et depuis maintenant plus d'un an, il fuit.

Pourtant, étrangement, aujourd'hui il s'est levé avec un sentiment de lassitude. Aujourd'hui, il en a assez de fuir. Aujourd'hui, il a envie... de voler, tout simplement.

Oh, ce n'est pas la première fois qu'il vole, loin de là. Seulement c'est peut-être la première fois qu'il en prend à ce point conscience. Qu'il se rend compte de la folle liberté que cela lui procure. De cette impression de pouvoir tout faire qu'il ressent dès lors. Du plaisir -tout simplement- d'être l'égal d'un aigle.

Et le temps qui s'écoule, tandis que son vol se poursuit. A dire vrai, lui même ne sait pas où il va. Il ne fait rien d'autre que voler pour voler. Et ce n'est qu'en se rendant soudain compte qu'il est désormais au dessus d'une ville qu'il se rend compte qu'il y a des heures qu'il survole ainsi le continent. Et qu'a la vitesse où il va, il n'a aucune idée de l'endroit où il se trouve désormais.

C'est ce qui l'incite à ralentir, puis à se stopper, restant là à planer très haut dans le ciel, avant de finalement hausser les épaules et d'entamer sa descente pour se poser dans une petite ruelle aussi sombre que déserte. Une grimace lui vient soudain, alors qu'il se met à marcher avec l'impression d'être atrocement limité de par ce simple fait, rejoignant bien vite la foule des passants d'une avenue passablement fréquentée, cherchant des yeux quelque chose qui lui indiquera l'endroit où il peut bien se trouver...

Un plan de la ville affiché sur un arrêt de bus le renseigna sur le fait qu'il se trouvait dans une ville nommée Kiwazee Point, Oklahoma. Le trafic routier y était dense, c'était vraisemblablement un point de fort passage mais où finalement, c'était assez mort pour les habitants. Des hôtels et cantines pullulaient dans ce quartier de la ville. Ailleurs apparemment, il y avait surtout des hangars, des usines et des puits de pétrole en bordure de la ville.