3h30. C'est le matin. Le soleil n'est pas encore là pour le dire. Une vieille paupière de rhinocéros se soulève, puis l'autre. Des yeux bleu profond s'ouvrent, se dilatent. Un seul, en fait. Dans l'orbite gauche se trouve un objet qui n'est pas un globe oculaire. Mais on n'y verrait que du feu. Mâchoire serrée, le colosse aux cheveux blancs se lève d'une seule impulsion musculaire. En deux secondes, il est sur pieds. Vacille un instant, puis est partant pour une nouvelle journée.
Comme il est le seul à se lever si tôt, il s'est installé un réchaud dans sa chambre. Il met deux œufs sur la poêle, sort des morceaux de poulet du frigidaire qu'il dévore crus. Il manie un peu la queue de poêle puis déverse l'aliment dans une assiette en terre cuite. Pose une casserole d'eau sur le feu, pour les pâtes et le café.
Pénètre dans sa douche, se laisse submerger par les torrents d'eau froide. Cela réveille. Se frictionne avec une serviette chaude. Ressort et met les pâtes dans l'eau. Se sert le café.
Il s'assied sur son lit en tentant de se rappeler ses rêves de la nuit. Aucun. Du moins, il ne se les rappelle pas. Signe d'un bon cycle de sommeil non interrompu. Il se sent reposé. Fait son lit. Il se sert les pâtes qu'il mange avec les œufs froids. Il n'a jamais su s'y prendre en cuisine.
L'écran de télé allumé, il se laisse regarder les informations. Sa mandibule inférieure s'agite pour la consommation de son assiette. Ses yeux sont pleinement attentifs.