Humanités

Rick Jones était assis sur un fauteuil en cuir plutôt confortable. Le curieux bureau dans lequel on l'avait conduit était petit, mais le ventilateur qui tournait empêchait qu'il fasse trop chaud. Depuis plusieurs heures, il faisait très chaud un peu partout dans le monde. Les météorites qui pleuvaient avaient une curieuse influence sur le climat, et les choses qui en sortaient n'étaient pas là pour arranger les choses. Isolés dans la campagne texanne, Rick et sa tante Polly s'étaient réfugiés dans leur cave, comme tout le monde. Mais une cave, aussi bien enterrée soit-elle, ne protège pas toujours d'un météorite. Ou d'un agent du SHIELD.

Le visage baigné de sueur glacée, Rick regardait continuellement les deux soldats qui l'encerclaient, à droite et à gauche. Leurs mitrailleuses noires l'effrayaient. Il ne savait pas s'ils avaient le droit de le molester de sang-froid, alors il préférait se taire pour ne pas les provoquer. On lui avait bien administré des psychotropes légers pour le rendre inoffensif, alors jurisprudence était de mise.
Une angoisse, en particulier, ne lâchait pas le jeune homme et lui donnait envie de crier.

*Non, Rick. Ils ne vont pas te torturer.*
*Cap, tu es là !*

Ce fut certainement la première fois que Rick était content d'entendre le Kree.

*Je suis bête, c'est évident qu'ils ne vont pas me torturer ! On a des droits, une constitution !*
*Pas toujours. Je me souviens que l'armée avait légitimé la torture pour les prisonniers terroristes... Mais s'ils te suspectaient de cela, ils ne t'auraient pas emmené ici.*

L'angoisse était revenue. Et quand Rick entendit la porte s'ouvrir derrière lui, il ne put s'empêcher de sursauter...

Lorsqu'il le vit entrer à contre-jour, Rick ne put pas distinguer le visage de l'homme tristement connu par toutes les agences de renseignements, de contre-espionnage et de renforcement de la loi. A contre-jour, Fury était suivi de deux types poussant un projecteur de la taille d'un arrêt de bus. Le gros appareil envoyait un faisceau de lumière blanche qui éblouit le jeune américain.

"Salut, petit. J'ai une bonne et un tas de mauvaises nouvelles. Par laquelle je commence?"

Une lumière éblouissante de blancheur envahit la pièce et aveugla Rick. Pendant une seconde, ses yeux détaillèrent avec douleur la noire et puissante silhouette cachée en contre-jour. Sa voix avait l'air d'être celle d'un homme. Jones referma ses yeux brûlants, et des papillons luminescents dansaient devant lui.

- Je crois que vous pouvez balancer la sauce avec les mauvaises nouvelles. Je ne suis plus à une ou deux frayeurs près !

Le jeune homme se glissa derrière le dossier de son siège, afin de ne plus recevoir de face la lumière qui, même les yeux fermés, était très gênante.

Un geste de Fury, et les deux acolytes au projo pivotèrent la lumière pour éviter d'éblouir Rick. Le visage du colonel face à lui se révéla. Il était nerveux et soucieux, mais on sentait quelque chose de sa guerre, une nostalgie assouvie par le sentiment d'urgence.

"Le fléau qui touche ta ville, est étendu au monde entier. C'est une pluie d'astéroïdes, habités par des choses vivantes. Des genres de vampires, venus de l'espace. Nous savons de source sûre que tu abrites une forme de vie extra-terrestre qui a rencontré des problèmes avec l'Armée Américaine. Quels que soient nos différends, nous avons besoin de lui."

La structure métallique de l'héliporteur vacilla comme en plein vent. Les brèches dans la coque fragilisaient l'engin géant. Fury congédia d'un nouveau geste les éclairagistes. Il eut au micro une équipe de réparateurs, qu'il envoya rejoindre les hommes au projecteur.

"Reprenons, et vite. Ce que je voulais dire, c'est que si vous ne voulez pas coopérer, sachez qu'on n'a aucun besoin d'un souci spatial supplémentaire. Des agents vont mourir si vous ne faites rien, mais croyez-moi, on ne tombera pas sans vous emporter avec nous dans la tombe, Jones."

Le masque était tombé. Sous la pression, Nick avait lâché le masque du gentil flic. L'enjeu était trop important pour qu'il laisse Rick Jones croire qu'il n'en était rien.

Clair, net, précis. Le grand soldat à la barbe mal rasée et au bandeau de pirate avait le don de bien s'exprimer, de présenter les faits dans détour et sans omission. La terrible lumière fut déplacé, et Rick s'en sentit soulagé. Il pouvait regarder l'inconnu sans avoir les yeux douloureux.

*Cap, qu'est-ce que je fais ? Je t'appelle ?*
*Oui, Rick. Laisse-moi lui parler. J'ai déjà eu affaire au Colonel Fury.*
*Comment est-il ?*
*Il est courageux et loyal. Ses subordonnés le craignent et l'admirent, et il a tendance à agacer ses supérieurs. Bref, c'est un soldat comme un autre.*

Jones enregistra soigneusement les informations. Il se leva de son siège, san geste brusque et sans intentions hostiles.

- D'accord, je vais l'appeler. Mais pourriez-vous me dire d'abord quelle est la bonne nouvelle...

Le jeune homme sourit malicieusement.

- Colonel Fury ?

La présence de Captain Marvel aux côtés du SHIELD pour le temps de la crise serait un atout considérable mais le reconnaître serait une faute professionnelle pour le colonel.

"Je ne t'aime pas Jones et lui encore moins mais j'ai le plaisir de vous annoncer à tous les deux que vous avez encore le droit de répondre positivement à ma proposition."

A ses mots, Nick se tût et fixa d'un regard mauvais Rick Jones tellement mauvais que l'on aurait cru que son œil envoyait des éclairs, remplissant la pièce d'ozone rendant l'atmosphère irrespirable. Puis comme si de rien n'était il arrêta de fixer son prisonnier et dit :

"J'ai aussi le pouvoir d'effacer votre ardoise et si vous survivez vous serez libre. Mais soit bien informer, Jones, qu'un non entrainerait de terribles conséquences pour tous les deux et pas seulement pour Marvel."

C'aurait été mentir que de dire que Fury n'effrayait pas Rick. A le fixer ainsi, le colonel le mettait vraiment mal à l'aise. Il n'était plus le temps de jouer à présent. On leur offrait l'armistice à tous deux si Mar-Vell collaborait. Quoique Rick ne se fut jamais douté qu'il était retenu coupable de quelque chose, lui.

- Bon, alors voilà...

Le jeune homme recula un peu, leva ses bras, et entrechoqau les Néga bandes. La lumière emplit son corps et le bureau, et lorsqu'elle se dissipa, Captain Mar-Vell était dans la pièce.
Le grand Kree musculeux était dans son habitule justaucourps rouge, noir et jaune. Il avait les bras croisés, et regardait fixement Fury.

- Bonjour colonel. Cela faisait longtemps.

Plusieurs systèmes de sécurité avait été créés au cas où Captain Marvel revenait, ou tout autre supers incontrôlables. Dont une lentille placé sur l'unique œil de Nick Fury qui commença à noircir quand Jones leva les bras pour choquer ses bracelets. Cette lentille lui permis de ne pas devenir aveugle tout en continuant à fixer son prisonnier.

"Pas assez." répondit sèchement, mais avec une pointe d'humour, le Colonel Fury.

"Marvel, ancien militaire au grade de capitaine renvoyé de l'armée Kree pour trahison et condamné à une bannissement à vie dans la Zone Négative pour trahison, complots et actes de terrorisme... Au vu de la situation, je suis content qu'ils ne vous aient pas condamné à mort."

A ces mots, un agent du SHIELD entra dans la pièce et donna un dossier à son chef avant de repartir comme il était venu. Nick Fury le feuilleta rapidement avant d'en tirer deux feuilles et de laisser ce qui semblait être des photos.

"Dans ce dossier se trouve des photos satellites, et autres, top secret." Nick deposa le dossier devant Captain Marvel et y empila deux déclarations de non-révélation de secret défenses. "Signez en bas et dîtes-moi ce que vous pouvez m'en dire. Vous signerez aussi celui de Jones, vous êtes à vous deux une énigme juridique mais ne croyez pas qu'un vice de forme m'arréta si il trahit des secrets défenses."

Le colonel se moquait de la déchénace du Kree, et celui-ci n'aimait pas ça. Il ne put s'empêcher de répondre séchement.

- Vous savez colonel, je crois que la mort aurait certainement été préférable. Mais on ne choisit pas ses bourreaux, c'est bien connu.

On lui tendit alors des feuilles qu'il devait s'empresser de signer. Il avait appris à écrire tous les langages terriens, cela ne posa pas de problème. Mais il ne put réprimer un rire lorsqu'il lisa la feuille.

- "Marvel" ? La manière de retranscrire mon nom avec votre graphie est pitoyable, ça ne s'écrit pas comme ça. Mais peut importe.

Il signa pour lui, et pour Jones.

- Vous n'avez pas à vous inquéter de Rick, colonel. C'est un gamin comme les autres, plutôt ignorant mais ridiculement courageux.
*Bah tiens, ça fait plaisir !*

Le Kree ne daigna pas répondre au terrien enfermé dans la Zone Négative. Puis les formalités passées, Mar-Vell saisit les photos satellites, et prit le temps de les analyser. Il ne put s'empêcher d'être impressioner par la qualité des images, lui qui connaissait presque parfaitement la technologie terrienne.

Spoiler:

*Nom de... Eux ? Ici ?*

Le Kree avait avait l'air surpris, et même un peu effrayé. Rick pensa que si le redoutable guerrier extraterrestre était impressionné par ces créatures, c'est qu'il devait bien y avoir une raison.

- Le peuple Kree les a toujours nommés Exolon. Quel que soit leur nom, ce ne sont pas des créatures faciles à appréhender. Ce sont davantage des microbes que des animaux, ils infectent ce qu'ils peuvent, sinon, ils meurent. Ils parasitent toute forme de vie pour se nourrir. Le malheureux qui tombe sous leur emprise devient incroyablement fou et puissant, mais finit par mourir sous peu.

Les yeux rivés sur les images satellites, Mar-Vell ne sut pas quelle étit la réaction de Fury à ce moment. Le brave colonel avait-il peur ? Le Kree n'en sut rien, il était concentré sur les Exolon, et essayit de se rappeler tout ce qu'il savait à leur sujet.

- Normalement, ils n'ont jamais quitté leur planète. L'armée Kree a créé un cordon de sécurité autour de leur planète, et nous y déposions nous mêmes du gibier afin qu'ils n'aient pas l'idée de chercher leur nourriture ailleurs. Mais récemment... Mon peuple a... Ce ne sont plus les mêmes chefs, ils ont du...

Il ne put retenir deux grosses larmes qui roulèrent sur son masque. Les dictateurs qui l'avaient condamné, avaient aussi tué l'humanité de son peuple. Les Exolon n'auraient pas pu partir vers la Terre si les Krees n'avaient pas abandonné leur cordon défensif. Mar-Vell tenta de se calmer et parvint à maîtriser sa voix lorsqu'il continua son discours.

- Le feu leur est fatal. Nous en usions pour les effrayer et tuer les déserteurs. Et certaines fréquences sonores les affectent au niveau moléculaire, et ramolissent leur structure. Leur puissance dépend de l'hôte. Si c'est une simple bête, l'Exolon ne sera pas trop puissant. mais si l'hôte est un humanoïde, voire un humanoïde doté de pouvoirs, le résultat peut être catastrophique...

Captain Marvel passa une main sur son visage et regarda durement le colonel Fury, comme s'il lui reprochait de lui avoir fait cette révélation.

- Satisfait, colonel ?

Le colonel resta le plus neutre possible durant le récit d'horreur de Captain Marvel bien que bouillonnant de l'intérieur. A l'évocation du feu, il plongea dans ses souvenirs de combats militaires où le lance-flamme était une de ses armes préférées.

"Satisfait qu'une armée de microbes très dangereux a envahi la Terre ? Pas vraiment !" dit-il tout en rangeant les photos.

"Quel serait la probabilité que ton peuple est sciemment aidé ces Exolons à atteindre la Terre ?"

En attendant la réponse de l'alien, Nick Fury vérifia que les informations avait bien été reçus par le pont scientifique.

Fury avait l'air en colère, et les révélations du Kree semblaient dévoiler davantage de problèmes que ce qu'elles apportaient comme solutions. Sans broncher, Mar-Vell répondit à la nouvelle question du colonel.

- Je ne peux rien affirmer, colonel. J'ai vaguement espéré que les Exolon aient forcé le barrage Kree par eux-mêmes... Mais le premier réflexe des dictateurs; arrivés au pouvoir, est de renforcer l'armée. Vues les conditions politiques actuelles dans mon peuple, les Exolon n'ont pas pu s'échapper d'eux-mêmes. Toutefois, il est possible qu'une autre force exétérieure ait agi, ou que les Krees aient lâché les Exolon sans viser la Terre particulièrement.

Le capitaine était bouleversé, mais il parvenait désormais à contenir ses émotions et à rester humble. C'était un discours entre deux soldats, aussi fiers l'un que l'autre pour dévoiler leurs sentiments et reconnaître qu'ils ont peur.

- Est-ce que Rick est libre, maintenant ?

Nick réfléchissait à toutes les implications de ce que venait de dire l'alien. Même si l'invasion de microbes pouvait être repoussé, une guerre avec un puissant empire alien était à craindre. Et même si la planète Terre regorgeait d'êtres surpuissant, ils n'étaient pas vraiment une armée qu'il pourrait rassembler. Mais avant de penser à tout ça, il lui fallait s'occuper du cas Marvel/Jones.

"Rick Jones est libre, il peut partir et retourner à sa vie d'adolescent normal." dit simplement le colonel.

"Mais pas toi... Tu as été blanchi de tout ce que pourquoi l'on t'avais envoyer dans la Zone Négative mais tu restes un immigrant clandestin et à moins que tu veuilles être renvoyé chez toi, il va falloir gagner ta place en ce monde. Malheureusement à moins que tu puisses te libérer de Jones, il sera dans le même bateau que toi, le peux-tu ?"